Affiche et Photographie : Anne Meyer

Affiche et Photographie : Anne Meyer



Création 2007

Pièce Chorégraphique Contemporaine
Pour 10 danseurs, un clown et des mots.

Extraits de “Enfant nous ne l’avons jamais été et nous ne le serons jamais“ de Philippe Leteissier

Direction : Jérôme et Valérie Merle
Interprètes : Anne Vilbert, Thierry Neufville, Valérie Merle, Véronique Lambert, Hélène Loret, Marie Hélène Bernard, Jérôme Merle, Cathy Patinet, Mireille Pioche, Leslie Poirée, Philippe Denais.

Création lumières : Jacques Mathys
Régie générale : Sébastien Giles
Photographies et affiche : Anne Meyer

Remerciements à l'espace Europe de Crépy en Valois, au Foyer culturel et rural de Braine 
Aux héros qui ne s’appellent pas Antigone, Ulysse, Hercule.

Le langage du héros :

Il s’engage.
Qui ne s’est pas engagé ne risque pas de faillir ; et le héros se reconnaît à sa faille.
Il ne s’engage pas dans l’armée ou auprès d’un tyran banal ; il s’engage vis-à-vis de sa propre conscience et par rapport à sa tâche personnelle. Il va au-devant de son propre tyran.
Il cherche à travers l’expérience qu’il fait de lui au contact des autres, sa vocation, ce par quoi il servirait au mieux sa joie.
Le héros demande.
Le héros attire, mais le héros n’est pas influençable.
Le héros s’éprouve et connaît la fatigue mais il écoute ce qu’elle raconte, il en fait une danse.
Le héros avance mais sans se retourner.
Tous les enfants veulent être les héros de leur mère ; mais tous les enfants ne deviennent pas des héros. Le héros a plusieurs naissances. Il décevra sa mère car dans son histoire, il y a la chute vertigineuse de lui déplaire, de déplaire.
“ Ce n’est pas être aimé que nous voulons, c’est être préféré.“ écrit Christian Bobin, ou bien larguer les amarres. C’est en chemin, gorgé de la confiance des victoires et, soumis à sa condition d’homme, que perdre prend du sens, peut-être même de la valeur. Dans l’inconfort humide du refus permanent de s’oublier ou de fuir, il passe les adversaires jusqu’à ce qu’il en prenne un sur son cœur, sans profiter de ses faiblesses.
Le héros s’aime alors aussi dans la défaite parce qu’il l’interprète à la lueur de son but, à la sueur de son front, à la hauteur de ses choix.
Le héros ose ce qui est nouveau pour lui. A la transmission des valeurs, il oppose sa personne et renouvelle leurs justesses à la lumière
de sa perception. Offrant la lucidité de sa pertinente bataille, il participe à sa transformation ainsi qu’à leur évolution.
Il agit.
Il accepte.
Il redoute la perversion, mais aussi la perfection.
Il ne doute pas.
Il affronte ses peurs.
Le héros cherche sa liberté, se demande si elle a à voir avec sa destinée mais comme il ne connaît ni l’une, ni l’autre, il intègre les contraintes, les contraires : les imagine autrement et change sa condition humaine.
Il s’invente.
Il rencontre l’humilité sans perdre le goût du désir.
Le héros sait bien dire oui parce qu’il sait dire non.
Le héros fait son choix et dans l’incertitude que ce soit le bon, il donne l’autorisation à son intuition de le guider et lui pardonne ses revers.
Ainsi, en creusant au-dedans de lui-même, il se rapproche de son identité, assume sa différence, aperçoit le prix à payer pour cette exubérance : la foudre qui va s’abattre sur lui ou bien le clown qui lui fait un pied de nez.
Mais, “ le refus de l’existence est encore une manière d’exister, personne ne peut connaître vivant la paix du tombeau“ écrit Simone de Beauvoir.

Valérie Merle